arret moteur

Faut-il couper son moteur une fois à l’arrêt ?

Bienvenue aux nouveaux lecteurs et aux habitués de DansMonAuto. Voici un nouvel article dans la catégorie « La Techno qui se maîtrise ».

Je vais vous parler de l’intérêt de couper le moteur de sa voiture dès que l’on se retrouve à l’arrêt. Est-ce bénéfique pour la consommation ? La voiture est-elle faite pour résister à ces nombreux arrêts/redémarrages ? A partir de combien de temps d’arrêt faut-il couper son moteur ?
Ces nombreuses interrogations seront abordées dans cet article. Je m’appuierai comme toujours sur les technologies que l’on trouve dans nos autos pour y répondre !

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De belles files d’automobilistes arrêtés.
Photo by Iwona Castiello d’Antonio on Unsplash

Laisser tourner son moteur à l’arrêt : un beau gâchis

Qui n’a pas pesté contre un feu rouge trop long ou parce-qu’il était bloqué derrière une file d’automobilistes à l’arrêt. Selon le nouveau cycle européen de conduite (remplacé par le test WTLP), nous sommes à l’arrêt 25% du temps passé dans notre voiture. Ceci dépend bien entendu du type de trajet que nous faisons. Lors d’un trajet exclusivement urbain, on peut passer jusqu’à un tiers du temps de conduite à l’arrêt dans son véhicule.

Ces arrêts sont de natures différentes et dans la plupart des cas, nous laissons le moteur en marche. De plus, ces arrêts sont quelque fois subis pour organiser la circulation dans les villes (stops, feux tricolores). Et d’autres fois, ces arrêts sont motivés (chercher sa baguette de pain, en stationnement pour répondre à un appel, etc…) Ils représentent alors en moyenne entre 5 et 15 minutes par jour et par automobiliste.

Il est donc évident que le temps passé à l’arrêt dans sa voiture est conséquent. Durant ces périodes d’attente, le moteur continue de fonctionner au régime de ralenti. Il consomme alors du carburant sans exercer d’énergie mécanique sur la voiture. En somme, c’est du carburant et donc de l’argent de gâché.

Et il est important ce gâchis ?

De nombreuses sources donnent une consommation à l’arrêt moteur tournant d’environ 1 l de carburant par heure. On sait que 54% des automobilistes prennent leur voiture tous les jours. Et aussi que 81% des français ont une voiture. Avec la population actuelle en France de 67 millions, nous avons par jour 29 millions de voitures. En utilisant un temps d’arrêt moyen de 10 minutes par voiture, le carburant consommé est de 0.16 l. A l’échelle de la France, il y a donc près de 4.8 millions de litres de carburant qui partent en fumée chaque jour.

Pour lutter contre ce gaspillage, la France a mis en place un arrêté qui date de 1963 (article 2 de l’arrêté du 12 novembre 1963). Tout automobiliste laissant tourner son moteur en stationnement peut être sanctionné d’une contravention de 4ème classe. A la clé, une amende forfaitaire de 135 €.
En parallèle, les constructeurs se sont mis à la recherche d’un élément technique permettant de couper le moteur automatiquement à chaque arrêt du véhicule. Nous verrons cela un peu plus loin dans l’article.

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Vous pensez qu’ils ont arrêté leur moteur ?
Photo by John Arano on Unsplash

Que se passe t’il lorsque je coupe et redémarre mon moteur ?

Un réflexe qui n’est pas assez utilisé est de couper son moteur lorsque l’on s’arrête avec son véhicule. Bien entendu, cela est à pratiquer sur les arrêts assez longs pour avoir le temps d’arrêter son moteur puis de redémarrer.
Je mets pour l’instant de côté les véhicules équipés d’une technologie qui coupe le moteur automatiquement dès son arrêt.

Quand on coupe le moteur à l’arrêt, c’est toute l’alimentation du véhicule qui est coupée. Pour certains véhicules, la batterie prend le relais pour fournir certains systèmes en énergie électrique (chauffage, climatisation, feux, etc…). Les circuits de refroidissement et d’huile s’arrêtent et les liquides retombent par gravité. Si le véhicule est équipé de turbo, celui-ci commence à ralentir jusqu’à l’arrêt. Arrêter le moteur d’un véhicule est donc rapide et simple.

Quand on doit rallumer un moteur, on suppose que celui-ci est encore chaud de part son précédent allumage. Un tour de clé et le démarreur, alimenté en électricité par la batterie, actionne son pignon. Ceci va entraîner le volant moteur qui est relié au moteur. Enfin le moteur va commencer sa rotation et le cycle thermique du moteur va reprendre. Le moteur va alors se caler sur son régime de ralenti.

Un redémarrage demande la coordination de plusieurs pièces. La batterie doit être assez chargée et endurante pour transmettre l’énergie nécessaire au démarreur. Le démarreur doit aussi être solide pour entraîner le moteur. Et donc le moteur va consommer un surplus d’énergie pour passer d’un état quasi nul à un régime de ralenti.

demarreur moteur
Association du démarreur à la batterie et au volant moteur. Source

Le système Start & Stop

Je l’ai évoqué plus haut, les constructeurs ont développé un système (plus ou moins similaire) pour couper le moteur à l’arrêt du véhicule. Ils ont développé cela pour réduire les moments où les moteurs tournent sans que le véhicule n’avance. Au final, cela diminue les émissions et économise le carburant.
De lui-même, ce système coupe le moteur et désengage la transmission quand le véhicule est à l’arrêt. Il le redémarre automatiquement quand l’utilisateur veut repartir. Le système étant automatique, le conducteur n’a pas à gérer l’arrêt et le redémarrage moteur. Il gagne en sérénité et peut se concentrer sur sa conduite.

Le tout premier système est créé par Charles Kettering et breveté en 1917. Aujourd’hui, ce système n’a pratiquement pas changé. Ce sont Bosch, Valéo et Denso qui équipent la plupart des voitures. Ces systèmes stop & start ont évolué récemment pour convenir aux véhicules à boîte automatique. La force de ces systèmes c’est qu’ils fonctionnent automatiquement au moment approprié, et ce sans que l’utilisateur en ait conscience.

bouton start stop
Bouton de démarrage/arrêt moteur

4 familles de systèmes Stop & Start

Il existe 4 grandes familles de système Stop & Start. La première est le système le plus courant. La batterie est associée avec un démarreur plus résistant que la normale. Les deux systèmes travaillent de pair pour relancer le moteur en un éclair.
Le deuxième système comprend un alternateur/démarreur relié au moteur par une courroie. C’est l’alternateur qui relance le moteur par l’entraînement de la courroie.
Le troisième système utilise deux moteurs électriques et une transmission adaptée pour relancer le moteur. La transmission est variable pour adapter le couple nécessaire envoyé au moteur.
Le quatrième système est engagé en permanence directement sur le volant moteur. Il s’agit toujours d’un démarreur mais l’avantage est qu’étant en lien direct avec le moteur, le redémarrage est plus rapide.

Dans ces 4 configurations différentes, l’arrêt du moteur est automatique. La relance moteur est plus ou moins rapide. Il en résulte alors une économie de carburant durant la non utilisation du moteur.
Néanmoins, ces configurations nécessitent des pièces renforcées. Elles doivent résister à de nombreux redémarrages moteurs. En temps normal un moteur est conçu sur des cycles de 100 000 démarrages. Avec un système de Stop & Start, il doit résister à plus de 300 000 démarrages.

Au final, quel est le bénéfice d’un système Stop & Start ?

Prenons 3 exemples de conducteur. Le premier n’a pas de système Stop & Start dans sa voiture et laisse tourner son moteur à l’arrêt quelque soit leur durée. Le deuxième n’a toujours pas de système Stop & Start mais il coupe son moteur dès qu’il s’arrête plus de 5 secondes. Enfin le troisième a un véhicule équipé de la technologie Stop & Start.
Comparons la dépense en carburant de ces 3 conducteurs sur une année.

On part d’une utilisation voiture de 300 jours par an. Estimons une durée d’arrêt de 10 minutes par jour. La consommation étant de 1 l par heure. Nous avons sur un an 300*10’*(1/60) = 50 l de carburant consommé à l’arrêt.

Le premier utilisateur va donc consommer entièrement ces 50 l de carburant sur l’année. Le deuxième n’étant pas équipé de système automatique ne coupe pas son moteur au maximum. Il laisse tourner son moteur 10% de temps supplémentaire qu’un système Stop & Start. Il va alors consommer 5 litres de carburant de plus que le troisième utilisateur. De plus, le véhicule du deuxième conducteur va s’user plus rapidement que celui du troisième car il n’est pas adapté à ce nombre plus important de redémarrage.

Comparatif sur 3 conducteurs

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Un beau tableau ! L’utilisateur n°3 a l’air d’être le mieux équipé des 3.

Pour conclure sur l’intérêt de couper son moteur à l’arrêt, je vous dis oui. Il y a un intérêt bien mesurable et bénéfique à plusieurs niveaux. Il est recommandé de couper son moteur au-delà d’un arrêt de 5 secondes. L’économie de carburant moteur arrêté sera supérieure au carburant nécessaire pour redémarrer le moteur.
Sur une année, couper son moteur aux arrêts permet d’économiser entre 5 et 10% de carburant. Plus vous roulez en ville et plus cette économie est importante.
Enfin, si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour ceux qui vous entourent. Une économie de carburant réduit l’émission de gaz à effet de serre. Et le bonus c’est de diminuer le bruit des files de voitures à l’arrêt. Un élément non négligeable dans les villes.

J’espère alors que vous y voyez plus clair et que vous adoptez déjà les bons gestes. A ceux qui n’étaient pas convaincus, le bénéfice est à plusieurs niveaux. Pour vous et pour la population extérieure.

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Les sources de cet article et plus encore

Statistiques sur l’utilisation de la voiture
Les crados à l’arrêt dans leur voiture
Fonctionnement du démarreur
Système de stop & start (anglais)
Les différents systèmes de stop and start (anglais)
Bénéfices de couper son moteur
Usure des systèmes stop & start (anglais)

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